Le phénomène de la faim et les nombreux micro-organismes composant le microbiote sont deux sujets qui fascinent l’être humain et qui seraient en fait… intimement liés! Nous avons aujourd’hui raison de croire que nos comportements alimentaires sont en partie dictés par notre flore intestinale. L’opinion conventionnelle associe souvent la malbouffe et la malnutrition à un simple manque de volonté1. La lutte pour résister aux fringales pour les aliments très gras et sucrés est un combat quotidien pour beaucoup de gens1. On réalise maintenant que divers facteurs augmentent l’appétit, nous pouvons nommer entre autres :
- le profil probiotique individuel, particulièrement en cas de dysbiose;
- les conditions entourant les repas des mangeurs, lorsque la vitesse de déglutition est réduite et que la routine alimentaire est instable;
- les influences circadiennes, surtout pour ceux qui travaillent des quarts de nuit;
- les particularités génétiques2.
Une alimentation sous-optimale contribue tôt ou tard à des problèmes de santé tels l’obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires et même le cancer1. Les données épidémiologiques indiquent des taux plus élevés de cancer chez les femmes obèses, comparativement à celles qui ont un poids santé3. Dans un monde idéal, les bons vivants consommeraient une majorité de légumes et fruits frais, une quantité suffisante de protéines végétales ou de protéines animales maigres, des breuvages et boissons peu sucrés et des aliments transformés et raffinés seulement à l’occasion… et ce toujours selon des portions raisonnables3. On connait la diète optimale, mais c’est parfois embêtant de la mettre en application!
Les probiotiques dans tout ca?
Les progrès récents dans notre compréhension du microbiome humain suscitent beaucoup d’engouement. Les recherches suggèrent que le nerf vague, le seul nerf crânien à s’étendre au-delà de la tête et du cou, régulerait les habitudes alimentaires ainsi que le poids corporel. Les microbes peuvent exercer leur influence sur l’hôte via les hormones clés comme la dopamine et la sérotonine1. D’ailleurs, les bonnes bactéries dans notre organisme produisent de l’acide lactique bénéfique, en plus de sécréter des substances immuno-modulatrices (l’histamine entre autres) ainsi que des substances calmantes calmantes (le GABA ou acide amino-butyrique par exemple)1. On a pu démontrer que la présence de butyrate dans le sang, une substance produite par les probiotiques, a des effets profonds sur le système nerveux central et l’humeur chez les souris1.
Des études animales ont révélé que les souris aseptisées avaient plus de récepteurs de goût pour le gras sur leur langue et davantage de récepteurs pour le sucre dans leur tube digestif, ce qui n’était pas le cas des souris avec une colonisation bactérienne habituelle1. Les petites bêtes exemptes de bactéries avaient aussi des niveaux moins élevés de leptine, de cholecystokinine (CKK) et d’autres agents promoteurs de la satiété1. Les personnes qui ont un faible pour le chocolat ont des échantillons microbiens différents dans leur urine que les personnes qui sont indifférentes au chocolat, en dépit de manger des diètes identiques AL. Les microbes pourraient donc expliquer bien des choses!
Lors d’une étude de supplémentation chez les Québecois/es menée à l’Université Laval, le fait d’administrer un probiotique composé de la souche Lactobacillus rhamnosus pendant 12 semaines à des sujets voulant perdre du poids a permis une importante réduction de l’appétit chez la plupart des sujets, surtout chez les femmes (la plupart des produits de la famille Probaclac contiennent cette précieuse souche)4. Ceci dit, on peut en déduire que l’intégration de probiotiques sous forme de supplément alimentaire tend à diminuer l’apport calorique, conformément à l’hypothèse selon laquelle une plus grande diversité bactérienne intestinale peut favoriser des répercussions enviables sur la gestion de l’appétit et l’amélioration des comportements nutritionnels.
Qu’on se le dise!
L’épidémie d’obésité est étroitement liée aux changements majeurs dans les pratiques de production alimentaire et les tendances de consommation autour du Globe… personne n’y échappe malheureusement. Vu la complexité de la nutrition et la difficulté à apporter des changements à ses réflexes alimentaires, les statistiques ne s’améliorent guère avec le temps. Il faut envisager toutes les solutions possibles pour combattre ce fléau.
Saviez-vous que?
Sous l’influence du stress, certaines bactéries produisent en fait une enzyme la CLPB qui est étudiée par de nombreux chercheurs pour sa particularité étonnante : elle mime l’effet d’une hormone de satiété, la mélanotropine. Les scientifiques vont jusqu’à croire que ça pourrait expliquer la perte d’appétit dans certains troubles alimentaires comme l’anorexie nerveuse5.
RÉFÉRENCES
1Auteurs non-listés. Getting Healthier Through Microbiome Makeover. EBioMedicine. 2015 ; 2 (8) : 771.
2Thursby E et Juge N. Introduction to the human gut microbiota. Biochem J. 2017 ; 474 (11) : 1823-1836.
3Patel R et Dupont HL. New approaches for bacteriotherapy : prebiotics, new-generation probiotics, and synbiotics. Clin Infect Dis. 2015 ; 60 (Suppl 2) : S108-S121.
4Martinez KB, Leone V et Change EB. Western diets, gut dysbiosis, and metabolic diseases : Are they linked? Gut Microbes. 2017 ; 8 (2) : 130-142.
5Derrien M et Veiga P. Rethinking Diet to Aid Human-Microbe Symbiosis. Trends Microbiol. 2017 ; 25 (2) : 100-112.
6Montemurno E, Cosola C, Dalfino G, Daidone G et al. What would you like to eat, Mr CKD Microbiota? A Mediterranean Diet, please! Kidney Blood Press Res. 2014 ; 39 (2-3) : 114-123.
7Linares DM, Ross P et Stanton C. Beneficial Microbes : The pharmacy in the gut. Bioengineered. 2016 ; 7 (1) : 11-20.